Petit déjeuner conférence en direct de l’Assemblée Nationale à Paris

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Nouvelles Le 10 février 2016

La Gouvernance au Féminin – Petit déjeuner conférence

Le mercredi 3 février 2016, de bon matin et sous une neige non moins décourageante, nous nous rendons nombreux (près de 250 personnes) au petit-déjeuner conférence de La Gouvernance au Féminin. Dans la prestigieuse Citadelle de Rio Tinto, café et croissant en main, nous attendons avec impatience les récits et conseils de nos trois invités, j’ai nommé : François Perol (PDG du groupe BPCE, 2e banque de France), Marie-Jo Zimmermann (Députée de la Moselle et Auteure de la Loi copé-Zimmermann) et Lucile Desjonquères (Fondatrice de Femmes au coeur des conseils). En direct de Paris, via webex interposés, il était question de comprendre le fonctionnement et les bienfaits de la loi Copé-Zimmermann, mise en place en France en janvier 2011, imposant une plus grande proportion de femmes dans les conseils d’administration des entreprises côtés.

« Si les Lois nous ouvrent la voie et nous montrent le chemin, je reste persuadée que ce sont surtout les mentalités qu’il faut changer. » c’est sur ces mots que commence notre conférence. Mots prononcés par la charismatique Danièle Henkel lors de son allocution de bienvenue qui rappelle à ce titre l’obligation de la complémentarité homme-femme, complémentarité plus qu’indispensable à la prospérité de nos économies modernes.  Mme Henkel a rappelé l’importance du travail de Caroline Codsi qui a fondé la Gouvernance au Féminin en 2010 et qui l’anime avec brio depuis, épaulée de ses nombreux bénévoles.

Si la France, bonne élève sur ce point, a atteint avec succès près de 34% de femmes siégeant aux conseils d’administration en 2015, le Canada peinerait quant à lui à rehausser un chétif 15%. Une loi sur les quotas ne serait-elle pas également utile chez nous en vue d’un meilleur équilibre, voire d’une performance accrue, dans nos entreprises ?

La loi Copé-Zimmermann, au service de la diversité et de l’équilibre ?

La loi consiste en la simple obligation de « respecter un quota minimum de membres de chaque sexe afin d’assurer une représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et des conseils de surveillance des entreprises (1)». Marie-Jo Zimmermann nous rappelle à cet effet qu’un conseil d’administration est bien « le cœur battant de l’entreprise » et qu’il est ainsi crucial qu’il soit justement représenté par ses membres et de manière diversifiée.

Il n’était pourtant pas simple de faire appliquer une telle loi dans un univers auparavant si masculin. Il a fallu changer les mentalités et aller parfois à l’encontre des préjugés et réticences de ces messieurs. Aujourd’hui, la parité à trouver un écho positif dans le fonctionnement des conseils d’administration. Grâce au caractère pédagogique de la loi, celle-ci a agi comme un accélérateur de prises de décisions et de mises en place de mesures et objectifs chiffrés.

« La diversité est ce qui dynamise notre économie » – la loi et ses bienfaits.

« En tant qu’homme, dirigeant et citoyen il est élémentaire de s’engager dans la bataille de l’équilibre entre hommes et femmes dans les conseils » défend François Perol. On comprend que la bataille pour la parité est aussi et avant tout celle de la diversité. Une diversité de talents, de profils et d’expertises. À plus large échelle, les conseils d’administration plus équilibrés sont gages de dynamisme pour les entreprises. Un plus vaste éventail de points de vue et des perspectives, lié à la diversité des parcours et des réseaux de chacun, est dès lors disponible.

De plus, lors du vote de la loi en 2011, deux paliers avaient été déterminés en vue de l’application de celle-ci: un premier objectif fixé à 20% de femmes dans les conseils en 2014, atteint avec triomphe, et une seconde étape, parvenir à 40% de femmes dans les conseils en 2017. « La parité est devenue un sujet sérieux lors de nos réunions au conseil » témoigne François Perol, il ne s’agit plus d’occulter une partie des membres de l’entreprise et l’expertise qui va avec mais bien « d’avoir une vision plus large des talents dans la société ».

Enfin, pour Lucile Desjonquères il est nécessaire d’insister sur l’importance des formations et de l’encadrement destinés à faire prendre conscience aux femmes qu’elles ont leur place aux sièges des conseils. Les femmes n’auront pas à forcer les portes des conseils (2), elles y sont attendues. De leur côté, les femmes ont également leur part de travail à faire dans le processus de diversification des conseils : oser, se positionner et prendre confiance en elles pour ces postes à responsabilités.

La loi Copé-Zimmermann démontre ainsi son rôle déterminant dans la bataille pour l’équilibre des sphères dirigeantes. Le bénéfice qu’en retirent les entreprises françaises ne peut plus être contredit tant le succès de l’application des quotas leur est profitable. À quand une loi similaire au Canada ? Il nous semble aujourd’hui évident que les femmes canadiennes, talentueuses et compétentes, seront à coup sûr au rendez-vous pour prendre une part légitime au sein des conseils.